Fin juillet 2022, le président français Emmanuel Macron a conclu une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Et il se rendra en Algérie entre le 25 et le 27 août. À première vue, son choix de pays est difficile à comprendre. Trois anciennes colonies françaises - le Cameroun, le Bénin et l'Algérie - et une ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau, semblent très différentes. Néanmoins, prises dans leur ensemble, les visites de Macron racontent une histoire dans laquelle la France fait pénitence pour ses crimes coloniaux tout en essayant simultanément de maintenir l'influence qu'elle a acquise grâce au colonialisme. Ces deux thèmes ont également émergé lors du sommet Afrique France en octobre 2021 à Montpellier. Là, Macron a promis des investissements dans les startups technologiques africaines comme moyen d'accroître l'influence des entreprises privées françaises, tout en faisant la promotion du rapport de l'universitaire Achille Mbembe sur la nouvelle relation entre la France et l'Afrique. Macron a eu une autre occasion de montrer ses bonnes relations avec les dirigeants africains lors du sommet Union européenne-Union africaine de février 2022. Ce sommet a été organisé par M. Macron - la France exerçait alors la présidence de l'Union européenne - et le président du Conseil de l'UE, Charles Michel. Les efforts de pénitence étaient visibles dans chacune des récentes visites de pays. Lors d'une conférence de presse avec le président camerounais Paul Biya, M. Macron a déclaré que les archives de la France sur la domination coloniale au Cameroun seraient ouvertes "dans leur intégralité". Il a dit espérer que les historiens des deux pays travailleraient ensemble pour enquêter sur les "moments douloureux". Au Bénin, le président français a accompagné le président béninois, Patrice Talon, lors de la visite d'une exposition consacrée aux trésors royaux d'Abomey. Ceux-ci avaient été dérobés par la France il y a 139 ans et ont été restitués en novembre 2021. En Guinée-Bissau, il a annoncé l'ouverture d'une école française et un programme d'échange sportif, conformément à l'importance accrue qu'il accorde à la diplomatie culturelle. L'effort pour maintenir l'influence était également évident dans les trois visites. Avec la diminution de la présence des troupes françaises au Mali, Paris est à la recherche de nouvelles options militaires et espère les trouver auprès des hôtes de Macron. Au Bénin, le président français a donc parlé de sécurité tandis qu'à Yaoundé, il a réaffirmé que la France restait engagée dans la sécurité du continent. En Guinée-Bissau, Macron a déclaré que la France devait "contribuer à la lutte contre le terrorisme partout dans la région". Selon moi, Macron exploite l'appel croissant à une décolonisation plus fondamentale des sociétés africaines comme une couverture pour exercer une influence continue sur le continent. Rectifier le passé colonial Le projet de justice décoloniale a récemment été utilisé par d'autres anciennes puissances coloniales pour redorer leur image en Afrique. La Belgique a récemment restitué une dent de Patrice Lumumba, le premier premier ministre du Congo, 61 ans après avoir permis son assassinat. La rectification du passé colonial est devenue un moyen populaire pour les gouvernements du Nord de mener leur diplomatie en Afrique. Dans le passé, des appels étaient lancés en faveur de nouvelles relations et de l'oubli du passé colonial. Aujourd'hui, les chefs d'État affichent leur volonté d'affronter de front les crimes coloniaux. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, par exemple, a parlé de la nécessité de devenir des "partenaires égaux" et de reconnaître l'existence des générations d'Africains dont le destin avait été déterminé par les puissances coloniales. À mon avis, c'est une façon intelligente de renverser le scénario employé par les Russes et les Chinois. Ils soulignent qu'ils n'ont jamais colonisé le continent, une affirmation déjà avancée dans les années 1960 lorsque Zhou Enlai et Leonid Brejnev ont visité le continent. Dans sa tentative de réinitialiser ce récit, M. Macron est allé jusqu'à qualifier la Russie d'"une des dernières puissances coloniales impériales" pour son invasion de l'Ukraine. Tout cela fait partie de la tournure cynique de la version de la décolonisation de Macron, qui cherche à réparer le passé tout en faisant reculer la cause de la décolonisation par l'intervention. Un intérêt renouvelé pour l'Afrique Ce qui sépare la France des États-Unis et de la Belgique, c'est que l'Élysée tente de compenser une position militaire en déclin au Mali. Ses troupes quittent le pays et sont remplacées par des mercenaires russes, le "groupe Wagner". La France est intervenue dans le nord du Mali en 2013 avec l'opération Serval. Paris a également fait appel à des nations alliées comme la Belgique et la Suède pour fournir des capacités et des formations supplémentaires. L'objectif était de repousser les combattants islamiques dans le Sahel. La logique de guerre froide qui a été imposée à ce voyage est toutefois beaucoup trop simpliste. Elle néglige la politique régionale de l'Afrique de l'Ouest, où la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a ressenti de plus en plus le besoin d'intervenir contre les coups d'État qui ont émaillé la région : Mali en août 2020 et mai 2021, Guinée en septembre 2021, Burkina Faso en janvier 2022 et la tentative de coup d'État ratée en Guinée-Bissau en février 2022. Les coups d'État en Afrique de l'Ouest, plutôt que l'intervention en Ukraine, expliquent également ce qui a amené Macron en Guinée-Bissau, qui a pris la présidence tournante de la CEDEAO en juillet. L'organisation a levé les sanctions lorsque la junte malienne a promis d'organiser des élections en février 2024. La CEDEAO a également réussi à trouver un accord avec la junte militaire du Burkina Faso sur un calendrier de transition vers la démocratie. Le retour à un régime civil est prévu pour juillet 2024. Avec une promesse combinée d'augmentation des investissements culturels et d'armes pour la Guinée-Bissau, Macron cherche à s'immiscer dans l'organisation régionale. Et ce, bien qu'il ait affirmé que la France a "toujours respecté" la position de la CEDEAO dans les affaires régionales. C'est un moyen facile pour l'Élysée de couvrir l'Afrique de l'Ouest sans avoir à s'engager dans une diplomatie de navette vers différentes capitales ouest-africaines lorsqu'il a un intérêt vital à protéger. Maintenir l'attention sur l'Ukraine et la mission de Lavrov était donc dans l'intérêt du président français, à qui l'on a aussi opportunément posé des questions sur les raisons pour lesquelles les pays africains n'avaient pas reçu de livraisons d'armes aussi facilement que l'Ukraine. La livraison d'armes pouvait alors être présentée comme quelque chose de positif, plutôt que comme une politique désastreuse qui ne fonctionne pratiquement jamais. Comme toujours, ce sont les gens ordinaires qui en paieront le prix, car ils sont contraints de vivre dans des sociétés de plus en plus lourdement armées. Le soulèvement dans le nord du Mali en 2013, que Macron cherche maintenant à gérer par le biais de la CEDEAO, était la conséquence de l'intervention militaire de 2011 de la France et de ses alliés en Libye et du renversement ultérieur du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Elle pourrait faire reculer ces pays de plusieurs années, les empêchant de rejoindre les économies africaines du Lion - l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria et l'Afrique du Sud - des pays évités par Macron. Source en anglais : https://theconversation.com/macron-in-africa-a-cynical-twist-to-repair-the-colonial-past-while-keeping-a-tight-grip-189175
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Alors que 2021 avance, il y a un certain nombre de choses qui, comme le soleil qui suit la lune, restent constantes. Le système capitaliste international continue à utiliser son contrôle sur nos ondes cérébrales pour promouvoir, institutionnaliser et normaliser les mensonges, la confusion et la désinformation. Les masses humaines continuent de résister à cette oppression de toutes sortes de manières créatives et évolutives. Et les forces qui tentent de s'organiser contre le système continuent de prétendre maîtriser complètement la façon dont le gouvernement a manipulé nos mouvements dans le passé, tout en se comportant simultanément et stupidement de la même façon destructrice, en particulier sur les réseaux sociaux, qui a saboté notre travail dans les décennies passées.
La théorie ici est que le capitalisme s'acharne à promouvoir la vision individualiste de la vie comme la seule et unique façon de mener efficacement notre existence. Par "individualiste", nous entendons que l'on nous enseigne que la façon dysfonctionnelle et subjective dont nous voyons le monde est tout ce dont nous avons besoin pour participer au travail du mouvement et même le diriger. Par conséquent, de nombreuses personnes qui croient sincèrement qu'elles adoptent des approches saines dans leur travail agissent en réalité d'une manière qui entraîne beaucoup de dramas et de conflits inutiles; des conflits que notre vision individualiste nous empêche de reconnaître et qui sont utilisés à une échelle beaucoup plus large contre notre travail de mouvement, d'une manière qui aura un impact négatif sur nous pour les années à venir. Samedi dernier, le 7 août 2021, a marqué la 51e commémoration de l'incident du palais de justice du comté de Marin impliquant Johnathan Jackson, William Christmas, James McClain et Ruchel Magee. La plupart des gens connaissent l'histoire générale de cet incident, mais beaucoup moins de gens connaissent la confusion et la méfiance qui ont influencé les événements de ce jour-là; une confusion qui a été complètement et irréfutablement orchestrée par les agences de la police fédérale. Le Federal Bureau of Investigation (FBI) avait mis au point un programme de renseignement coordonné à l'échelle nationale, appelé le Counter Intelligence Program (COINTELPRO). Ce programme a connu un certain nombre de variations remontant aux années 1920, lorsque le ministère de la Justice (le précurseur du FBI) s'est engagé dans des actions de sabotage réussies contre Marcus Garvey et l'Universal Negro Improvement Association (UNIA), mais en 1967, un nouveau COINTELPRO amélioré a vu le jour. Ce programme, sous la direction malsaine du directeur du FBI J. Edgar Hoover, et facilité par des fonctionnaires sans âme du FBI comme Cartha DeLoach et William Sullivan, avait pour objectif spécifique de démanteler le Mouvement de libération africaine. À l'époque, il y avait très peu d'agents africains au FBI, qui s'appuyait donc principalement sur des informateurs de police sous couverture. Ces informateurs représentaient des Africains qui faisaient l'objet d'accusations criminelles de la part du gouvernement américain. Une fois que le FBI avait établi le profil de ces personnes et déterminé qu'elles avaient le tempérament pour les aider, il leur offrait un travail rémunéré pour qu'elles se joignent aux organisations de notre mouvement et recueillent des informations que le FBI pouvait utiliser pour les transmettre aux services de police locaux et d'État qui rendaient compte au FBI et coopéraient avec lui dans le cadre de ce programme coordonné au niveau national. Comme ces personnes risquaient des poursuites pénales si elles refusaient, et que la plupart d'entre elles n'avaient de toute façon aucune formation politique et/ou aucun engagement dans notre lutte de libération, le FBI n'a eu aucun mal à trouver un grand nombre de ces personnes pour travailler pour lui. D'après les informations que ces personnes ont fournies au FBI, ce dernier savait qu'il existait des antagonismes entre l'organisation américaine de Los Angeles et les membres du Black Panther Party de Los Angeles. Ils savaient qu'Alprentice "Bunchy" Carter, le fondateur de la section du Black Panther Party de L.A., était l'ancien chef de l'organisation de Slausons Street (ce que les gens appellent des gangs) et que les éléments paramilitaires de l'Organisation américaine qui dirigeaient cette branche de cette organisation étaient recrutés dans des gangs qui considéraient Carter et d'autres Panthers comme des rivaux. Une fois que le FBI a eu ces informations, il a su quels étaient les points faibles et où pousser contre nos organisations. Résultat : un certain nombre de Black Panthers ont été tués, y compris Carter, une rupture totale de l'unité politique à Los Angeles, et tout cela s'est produit sans que personne à l'époque ne comprenne clairement pourquoi cela se passait. Les événements du 7 août 1970 n'ont pas échappé à ces contradictions. Il y avait toujours des luttes au sein du Black Panther Party sur le concept de mener une guerre totale contre l'empire, ce qui signifiait la lutte armée et la concentration sur les programmes de survie des Panthers. Le FBI le savait et savait également que nombre de ces contradictions se manifestaient par des divisions dans le travail d'organisation des Panthères au su et au vu de tous et dans celui des mouvements clandestins. Par exemple, certains éléments voulaient entreprendre une action militante pour libérer le camarade et frère de Soledad George Jackson de prison. Le travail pour créer ce plan a été développé et centré autour du frère de George, Johnathan Jackson, âgé de 17 ans. Geronimo Ji Jaga (Pratt) avait pris la tête du chapitre des Panthères de Los Angeles après l'assassinat de Bunchy Carter et de John Huggins en janvier 1969. Ji Jaga, qui s'efforçait de solidifier ce chapitre des Panthères qui avait manifestement fait l'objet d'attaques systématiques, comme c'était le cas à l'échelle nationale pour les chapitres et les branches des Black Panthers, a tenté de contester la possibilité d'agir pour libérer le camarade George. En fait, selon les récits de témoins oculaires et les dossiers du FBI (car rappelez-vous, ils étaient au courant de tout ce qui se passait), Ji Jaga a donné l'ordre d'abandonner la tentative d'évasion, mais en raison des interférences de COINTELPRO, ce message n'est apparemment jamais parvenu au jeune Johnathan le 7 août. Selon les documents du dossier du FBI, cette erreur de communication était l'objectif du FBI car ils espéraient que le résultat serait une action si mal menée qu'elle n'aurait aucune conséquence et qu'elle embarrasserait et discréditerait le Black Panther Party. Ji Jaga pensait apparemment que l'action était morte et le FBI pensait probablement que rien de significatif n'en sortirait, mais les fédéraux ont sous-estimé la détermination du jeune Johnathan Jackson. Sans se laisser décourager par les informations contradictoires et la désinformation, Johnathan a soudé son rôle et est entré dans le palais de justice du comté de Marin le 7 août 1970, armé et prêt à libérer James McClain, William Christmas et Ruchel Magee, afin qu'ils puissent libérer George et faire beaucoup plus pour notre lutte. Il est important que nous n'oubliions jamais que le FBI est une organisation sans âme. Leur travail de sabotage était destiné à faire en sorte que l'incident de ce jour-là ne réussisse pas dans son objectif de libérer George Jackson. Au-delà de cela, ils ne se souciaient sûrement pas des personnes tuées, blessées, etc., même si certaines de ces personnes étaient des employés du palais de justice. En fait, les documents du FBI résumant les événements de la journée ont célébré le moment où Johnathan est entré dans la salle d'audience, en mettant l'accent sur son moment d'indécision dû au manque de personnes en place que le plan avait prévu. Capable de se remettre de sa surprise momentanée et présumée, Johnathan a fait sa célèbre annonce "Messieurs ! Nous prenons le relais maintenant !" Et l'incident s'est poursuivi : Jackson, McClain et Christmas ont été assassinés ce jour-là, ainsi qu'un certain nombre de membres du personnel du tribunal, dont le juge. Ruchel Magee, 51 ans plus tard, reste incarcéré. Pour quiconque a une âme, les résultats du 7 août 1970 devraient vous troubler. Un jeune guerrier de 17 ans et d'autres camarades ont été tués et, bien que nous comprenions les victoires morales que nous tirons de cette action 51 ans plus tard, l'impact négatif que l'incident a eu en contribuant à créer l'atmosphère qui a pratiquement ouvert la saison des attaques contre les organisations de libération de africaines sont des choses avec lesquelles nous luttons encore aujourd'hui. De plus, quiconque connaît les antagonismes internes dévastateurs qui ont résulté des suites de l'incident, ainsi que les malentendus et la méfiance au sein des membres du Black Panther Party, comprend ce que l'on veut dire lorsqu'on affirme que nos ennemis ont obtenu ce qu'ils voulaient. On peut dire la même chose des dynamiques internes qui ont hanté l'American Indian Movement autour des circonstances du meurtre de la leader de l'American Indian Movement, Anna Mae Pictoh Aquash. Tout comme pour les Panthers, ces blessures sont encore largement ouvertes en 2021. C'est important car ces blessures ont eu un impact sur la capacité de chaque organisation. Ce que tout cela devrait signifier pour nous en 2021 et au-delà, c'est que vous êtes extrêmement naïfs si vous ne croyez pas que le même niveau de surveillance contre toutes nos organisations a lieu en 2021 qu'en 1967. Comme on l'a dit, le COINTELPRO s'est manifesté de plusieurs façons. Il est donc clair que ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui ne sera pas le même qu'en 1967, mais cela se produit quand même. Et le fait que vous ne puissiez pas le voir ne signifie absolument rien. Personne ne l'a vu en 1967 non plus et le niveau des capacités techniques disponibles aujourd'hui pour vous empêcher de le voir dépasse de loin ce qui existait il y a plus de 50 ans. Ainsi, même si nous n'aurons probablement pas de preuves claires avant quelques années, vous pouvez être sûr que tout ce que vous dites, faites, parlez, pensez, etc. est surveillé, classé et fait l'objet d'une stratégie pour être utilisé contre nous tous. Certains d'entre nous parlent tellement que vous pouvez dire 1000 choses et aucune d'entre elles n'est jamais utilisée, mais ne vous laissez pas tromper en pensant que rien ne se passe. De plus, le niveau de participation que vous avez ou pensez avoir n'est absolument pas pertinent. Même une personne sans importance du mouvement comme William O'Neil peut être modelée pour se rapprocher suffisamment d'un leader important comme Fred Hampton pour causer des dommages irréversibles. Il s'agit en fait d'une stratégie constante utilisée par nos ennemis. Une autre chose sur laquelle ils s'appuient est notre endoctrinement dans l'individualisme et la prolifération de l'ego centré sur toutes les capacités que nous avons. La dépendance aux réseaux sociaux dans le travail d'organisation d'aujourd'hui est un outil de restauration puissant pour cette prolifération de l'ego et la capacité des gens à créer n'importe quel type de réalité pour eux-mêmes et les autres qu'ils désirent. Tout cela est étroitement surveillé, étudié et fait l'objet de stratégies de la part des ennemis de l'humanité. Et les gens d'aujourd'hui sont probablement aussi naïfs que nous l'étions il y a 50 ans en pensant que personne ne se soucie de ce que nous disons, etc. Nous espérons du moins que c'est le cas, car si ce n'est pas le cas, cela signifierait que les gens ne se soucient tout simplement pas de savoir à quel point ce qu'ils font nuit à la construction d'un véritable mouvement. Les meilleures pratiques pour combattre cet effort pour nous abattre sont de pratiquer des choses éprouvées qui renforcent notre mouvement au lieu de fournir à nos ennemis tout le carburant dont ils ont besoin pour nous attaquer. Rappelez-vous que les désaccords sont une partie naturelle du processus de croissance et qu'il n'existe aucune règle selon laquelle nous devons être d'accord avec tout le monde pour avoir une relation positive avec eux. Ce sont les forts qui peuvent travailler avec des personnes avec lesquelles ils ne sont pas d'accord et les respecter, car ils comprennent que chacun a une contribution à apporter. Seuls les égoïstes fragiles croient que leur façon de faire est la seule possible et que quiconque ne voit pas le monde comme eux est un ennemi. Le FBI adore ceux d'entre vous qui croient à cette dernière phrase. Développez une certaine maturité intellectuelle et une certaine discipline. Lorsque des désaccords surviennent, prenez l'habitude de les soumettre aux personnes concernées et à personne d'autre. Apprenez à vous engager dans un combat idéologique fondé sur des principes et entraînez-vous à ce que ces désaccords restent idéologiques et non personnels. Si vous ne pouvez pas détourner votre aversion pour quelqu'un dans l'intérêt de ne pas fournir de carburant à nos véritables ennemis, alors vous manquez de maturité pour vous impliquer dans ce travail à un niveau significatif. N'aimez pas ces personnes, mais luttez principalement avec elles. En agissant ainsi, vous vous sentirez mieux dans votre peau et la personne que vous n'aimez pas vous respectera davantage, ce qui contribuera à étouffer la négativité, car vous reconnaîtrez le courage que vous avez manifesté en portant la lutte directement auprès des parties concernées. À leur tour, elles s'en rendront compte car elles sentiront la responsabilité que vous leur avez apportée par votre approche fondée sur des principes. Tout cela ne fait que nous rendre plus forts tout en privant nos ennemis du carburant qu'ils cherchent à utiliser contre nous. Si nous ne sommes pas disposés à mettre en œuvre ces pratiques simples et si nous continuons à refuser de tirer les leçons du passé, alors nous démontrons que ce que nous faisons maintenant a peu à voir avec la libération des masses et plus à voir avec l'avancement personnel et la satisfaction de l'ego. Ne soyez pas cette personne. Faisons en sorte que nos aînés et nos ancêtres n'aient pas souffert pour rien. https://hoodcommunist.org/2021/08/12/black-august-cointelpro-learning-the-important-lessons/ J'ai vu de nombreux militants et militantes "progressistes" dans mes contacts afficher leur indignation après avoir vu la mini-série Netflix d'Ava Duvernay sur les Central Park Five (CP5). Parmi eux se trouvaient de nombreuses féministes intersectionnelles avec lesquelles j'ai eu des désaccords par le passé (deux de nos problèmes récurrents étant la pertinence de la sororité daltonienne/aveugle à la race/transraciale et la définition universaliste, apolitique et ahistorique du patriarcat). Je suppose que j'ai été un peu surpris, dans le sillage de l'affaire TR, de voir qu'il a fallu une émission Netflix pour que ces personnes comprennent la victimisation judiciaire et l'accusation de viol raciste. Je ne suis jamais à l'aise avec les larmes de crocodile, vous voyez? Parce que c'était la position intersectionnelle sur l'affaire CP5 à l'époque : Bell Hooks écrit dans son livre Yearning : Race, genre et politique culturelle : "Personne ne peut vraiment croire que les jeunes hommes noirs impliqués dans l'incident de Central Park n'étaient pas engagés dans la mise en œuvre d'un rituel suicidaire d'une masculinité dangereuse qui finira par menacer leur vie, leur bien-être. Si l'on relit l'article de Michael Dyson intitulé "The Plight of Black Men", en se concentrant particulièrement sur la partie où il décrit la raison pour laquelle de nombreux jeunes hommes noirs forment des gangs - "le sentiment d'appartenance absolue et d'amour inégalé" - il est facile de comprendre pourquoi les jeunes hommes noirs sont désespérés et nihilistes. Et il est plutôt naïf de penser que s'ils n'accordent pas de valeur à leur propre vie, ils en accorderont à celle des autres. Est-il vraiment si difficile pour les gens de voir le lien entre la glorification pornographique constante de la violence masculine à l'égard des femmes qui est représentée, mise en œuvre et tolérée quotidiennement dans la culture et le crime de Central Park?" Crenshaw 1991 : " Lorsque les féministes ne reconnaissent pas le rôle que la race a joué dans la réaction publique au viol de la joggeuse de Central Park, le féminisme contribue aux forces qui produisent une punition disproportionnée pour les hommes noirs qui violent les femmes blanches, et lorsque les antiracistes représentent l'affaire uniquement en termes de domination raciale, ils minimisent le fait que les femmes en particulier, et tous les gens en général, devraient être indignés par la violence de genre que l'affaire représentait. " Je pense que c'est une très bonne illustration de la façon dont le racisme intériorisé "croise/«intersectionne» avec" le féminisme. Aucune de ces deux personnes ne semble remettre en question la culpabilité de ces 5 jeunes hommes. Tout cela me rappelle un point que le Dr Tommy J Curry a soulevé l'autre jour, et sur lequel je vais extrapoler. Il me semble qu'en faisant du patriarcat une affaire de violence (au lieu du pouvoir), le féminisme noir a réussi à décentrer la figure de l'homme blanc, et à centrer sa lutte sur son "oppresseur le plus intime". C'est une excellente base pour la sororité dans la société suprématiste blanche. Je terminerai en disant que, dans un contexte raciste, il n'existe pas de politique répressive qui ne vise pas en premier lieu les hommes racisés. C'est un fait que même les féministes blanches peuvent reconnaître : "Les demandes des féministes dominantes pour une punition plus certaine et plus sévère des crimes contre les femmes ont alimenté ces forces réactionnaires. Il en est résulté une alliance directe entre les militantes féministes et les législateurs, les procureurs et autres élus qui font la promotion du contrôle de la criminalité. Bien que la "guerre des sexes" des féministes n'ait pas eu le même impact sur l'incarcération que la "guerre contre la drogue", elle a tout de même contribué au message symbolique... La prééminence de la violence sexuelle dans le programme de lutte contre la criminalité a conduit à la création d'unités spécialisées dans les crimes sexuels au sein des services de police et des bureaux des procureurs des grandes villes" (Bumiller 2008). PS : il est impossible de réformer un mouvement historiquement raciste. Aussi inclusif que vous le souhaitiez, le féminisme inclura toujours des récits qui soutiennent ses intérêts (impérialistes). Si l'anti-noirceur/négrophobie (via la propagation de tropes racistes sur les hommes) est la condition de votre inclusion dans le mouvement féministe, alors il ne devrait y avoir aucun doute sur sa nature et son but. Via Kossi FB 09/03/2020s://www.phillytrib.com/commentary/michaelcoard/coard-eight-things-you-didn-t-know-about-philly-commissioner/article_ff1edaf7-2c2b-5862-a067-618401b2ff7c.html?fbclid=IwAR0d2FdmL-AxCRkqe4uhWZing_JykxmPPXZ-2jC0yMyxHZ25dZqZPWpNpH8 Remarquez comment malgré les déclarations fascisantes et le choix de carrière, l'auteure lui accorde le bénéfice du doute "parce que c'est une femme noire". C'est ce qu'il y a de plus agaçant dans ce mouvement. Se féliciter de l'accession à un poste d une femme noire juste à cause de son identité, c'est complètement irresponsable et ça empêche de penser à la réalité des rapports de force (du contexte politique). Aujourd'hui, les institutions ont une utilisation stratégique et instrumentale des femmes noires. À force de complètement sacraliser ce statut, d'en faire artificiellement la victime ultime, la femme noire est aussi devenue le FAIRE-VALOIR ultime, et faire sa promotion, le gage de moralité le plus radical (en particulier si elle est "queer"). Ainsi, une institution, même éminemment raciste comme la police de Philadelphie, peut se garantir une bonne presse temporaire en nommant une femme noire à un haut poste, se soustrayant momentanément à sa réputation. Si un homme noir avait accédé au même poste et tenu les mêmes propos, on aurait sans doute eu droit aux théories sur la masculinité toxique et le mimétisme viriliste. Cette essentialisation exacerbée de la femme noire doit cesser. Si certains insistent sur le mimétisme des valeurs masculines blanches, il faut accepter que celles-ci restant avant tout symboliques, des femmes blanches et noires peuvent s'en saisir pour naviguer dans cette société suprémaciste blanche et patriarcale (pour reprendre leurs éléments de langage). Leur sexe biologique ne les exonère absolument pas. Soyons plus responsables, mettons à bas ces stratégies du pouvoir blanc et cessons de célébrer bêtement les plus coloniaux de nos bourreaux parce que certains d'entre eux nous ressemblent! D'Obama à Outlaw, des rives de la Gold Coast a la plantation Brésilienne, les suprématistes blancs ont toujours su corrompre certains des nôtres et leur déléguer une partie du travail d'exploitation et de violence (officiers coloniaux, administration coloniale, contremaîtres en plantation etc...). L'acquis le plus marquant du féminisme noir est d'avoir su "imposer" que les masques noirs du pouvoir blanc soient aujourd'hui des femmes. L'article en question (inaccessible en France) : https://www.phillytrib.com/commentary/michaelcoard/coard-eight-things-you-didn-t-know-about-philly-commissioner/article_ff1edaf7-2c2b-5862-a067-618401b2ff7c.html?fbclid=IwAR0d2FdmL-AxCRkqe4uhWZing_JykxmPPXZ-2jC0yMyxHZ25dZqZPWpNpH8 Traduction de l’article ci-dessous "Dans l'intérêt d'une divulgation complète, je dois admettre d'emblée que j'apprécie et soutiens la commissaire de police Danielle Outlaw nouvellement nommée, et ce principalement pour deux raisons (parmi plusieurs autres) : Un - Elle n'est pas un homme blanc. Deux - C'est une femme noire. Les hommes blancs, en général, historiquement et actuellement, ont été toxiques. Si vous ne me croyez pas, il suffit de considérer le racisme, le sexisme et le classisme. Et dans chacun de ces "ismes", vous verrez clairement qu'ils ont été créés par des hommes blancs et qu'ils continuent à être promus par eux. En outre, en ce qui concerne les hommes blancs qui ont été commissaires de police et responsables de l'application de la loi dans tout le pays, il suffit de penser à Frank Rizzo de Philadelphie, Bull Connor de Birmingham, Daryl Gates de Los Angeles et J. Edgar Hoover du FBI, ainsi qu'à des centaines d'autres hauts responsables locaux, régionaux et fédéraux passés et présents. D'autre part, les femmes noires, en général, historiquement et actuellement, ont été curatives. Si vous ne me croyez pas, il suffit de considérer les femmes noires qui ont fourni l'antidote à ce que les hommes blancs ont empoisonné. Par exemple, pensez à Sojourner Truth, Harriet Tubman, Ida B. Wells, Ella Baker, Fannie Lou Hamer, Shirley Chisholm, Assata Shakur et les 95 % de femmes noires qui ont voté contre le raciste orange à la Maison Blanche. En d'autres termes, les sistahs essaient toujours de guérir les maux de l'Amérique. Le 30 décembre, après quatre mois d'entretiens confidentiels avec une trentaine de candidats, la ville de Philadelphie, par l'intermédiaire du maire Jim Kenney, a annoncé publiquement que Mme Outlaw, l'ancienne première femme noire chef de la police de Portland, dans l'Oregon, où elle a travaillé de 2017 à 2019, a été choisie comme nouveau - et première femme noire - commissaire de police de Philadelphie. Avant de diriger Portland, Mme Outlaw a travaillé au sein du service de police d'Oakland, en Californie, de 1998 à 2017, en tant que chef adjoint, capitaine des affaires internes, commandant de quart, fonctionnaire de l'inspection générale, agent de liaison des services communautaires et agent de patrouille. Maintenant que je vous ai présenté son impressionnant CV, voici huit choses que vous ne saviez probablement pas sur la commissaire Outlaw : 1. Un modèle puissant - Elle considère Rosa Parks comme un mentor culturel parce que "l'action unique de Rosa Parks a influencé les autres à en accomplir de nombreuses". 2. Cerveau et muscles - Elle est titulaire d'un MBA, obtenu en 2012 à la Graziadio Business School de l'université Pepperdine. 3. Son père était fier d’elle - Elle admet que son père ne voulait pas qu'elle devienne officier de police. En fait, lors de la journée familiale de l'académie de police d'Oakland, il l'a mise dans l'embarras en disant aux participants que c'était un "gaspillage de son diplôme". Mais finalement, non seulement il l'a acceptée, mais il en était fier et fier d'elle, comme il s'en est vanté auprès de ses voisins. 4. Tatouée, en quelque sorte - Elle a trois tatouages sur les bras. Le premier est une citation du "Songe d'une nuit d'été" de Shakespeare, qui dit : "Bien qu'elle soit petite, elle est féroce". (Le deuxième est un symbole de bande tribale taoïste représentant les bénédictions divines et la vie éternelle. Et le troisième est une clé de sol, qui se rapporte à ses anciennes aspirations à devenir chanteuse professionnelle. (D'ailleurs, on dit dans la rue qu'elle sait vraiment chanter - je veux dire chaaaaanter !). 5. Le traitement plutôt que la punition - Elle a clairement indiqué qu'en ce qui concerne les problèmes de toxicomanie, elle ne "croit pas que les premiers intervenants [c'est-à-dire la police] devraient s'occuper d'un grand nombre de ces problèmes parce que ce ne sont pas des crimes". 6. Protection des immigrants - Elle soutient les villes sanctuaires et a souvent souligné à Portland que "Nous n'appliquons pas les lois sur l'immigration civile." 7. Conscience globale - Elle est membre du Comité des droits humains et civils de l'Association internationale des chefs de police (AICP). L'IACP est la plus grande association de chefs de police au monde. Elle compte 30 000 membres dans plus de 160 pays et se concentre sur un travail de police "réfléchi et progressiste". 8. Dites que ce n'est pas le cas - Bien qu'elle ait été décrite par certains médias comme une réformatrice "attachée au maintien de l'ordre constitutionnel et à l'aise avec la surveillance civile" et qu'elle ait été décrite par d'autres médias comme une progressiste, un incident survenu en 2018 est assez troublant - pour ne pas dire plus. Alors qu'elle était interviewée dans une émission de radio de droite à Portland le 14 août de cette année-là, elle a nargué les manifestants de gauche en déclarant de manière inhabituelle et inexplicable : "Je vais vous dire : 'Retrouvez-moi après l'école à 15 heures'. C'est ça? On va se battre. Et je viens avec l'intention de me battre. Et puis tu t'énerves parce que je t'ai botté le cul. Et puis tu rentres et tu gémis et tu te plains." Cette déclaration faisait référence à une manifestation fasciste du 4 août au cours de laquelle des contre-manifestants antifascistes ont été approchés par des policiers de Portland en tenue anti-émeute, excessivement agressifs et effrayants. Et comme l'ont rapporté des témoins oculaires interrogés par les journaux Willamette Week, The Oregonian et The Guardian de Portland, la police a violemment attaqué les militants de gauche en déployant des gazes lacrymogènes et en tirant sur eux des grenades "flash-bang" potentiellement mortelles. Ces gazes lacrymogènes et grenades ont causé des blessures graves à au moins trois personnes, dont une femme non armée qui a dû être hospitalisée pour le traitement de brûlures chimiques au troisième degré et de lésions des tissus mous de sa poitrine. Une deuxième personne qui était un cycliste dont la grenade s'est logée à l'arrière de son casque, provoquant une hémorragie crânienne, des brûlures, des lacérations et ce qui a été décrit comme une "lésion cérébrale traumatique". Il n'y a pas de quoi se réjouir, Madame la Commissaire. Et il y a pire. Une organisation militante de terrain pro-noire appelée Don't Shoot Portland n'est pas très satisfaite d'elle. La fondatrice de l'organisation, Teressa Raiford, qui est candidate à l'élection municipale de Portland en 2020, a déclaré au journal Portland Mercury qu'Outlaw "a été engagée [là-bas] parce que nous avions organisé des manifestations axées sur (la préservation de) la vie des Noirs. La réponse de la ville a été de dire : 'Nous avons une cheffe de police noir, donc nous ne sommes pas racistes'. La représentation [d'une femme noire] était importante, mais... [Outlaw] ne s'est pas montré à la hauteur de la communauté noire." Si c'est vrai, je dois dire que ce n'est pas une bonne image, Madame la Commissaire. Pas du tout. Pour plus d'informations sur Don't Shoot Portland, les lecteurs sont invités à se rendre sur le site dontshootpdx.org. En tant qu'activiste/militante communautaire agitateur populaire, je comprends Sistah Raiford et la remarque générale qu'elle fait sur les fonctionnaires de police noirs en général. Cependant, je suis une pragmatique qui comprend que, par exemple, une révolutionnaire comme Angela Davis (que j'aime absolument) ne serait jamais nommée commissaire de police où que ce soit en Amérique. Mais si, par miracle, elle l'était, la majorité des flics blancs de base la minerait et la saboterait à chaque étape du processus. Par conséquent, nous, c'est-à-dire tous les Noirs/Marrons et tous les Blancs réformistes/progressistes, devons accorder au commissaire Outlaw le bénéfice du doute et la soutenir avec enthousiasme lorsqu'elle prendra ses fonctions le 10 février - du moins jusqu'à ce qu'elle nous donne une raison de ne pas la soutenir. Mais je ne pense pas que cela se produise un jour. Après tout, c'est une femme noire". La nouvelle tendance de l'empire américain consiste à pousser les femmes africaines sur le devant de la scène afin de faire de nous les nouveaux visages de cette bonne vieille violence capitaliste-impérialiste. Nous sommes positionnées comme des dames conscientes (woke ladies) avec de l'agentivité - voulant tout déchirer et marquer l’histoire, apportant cette grande énergie de tantine et ces très très belles tenues à l'exercice quotidien de gestion d'un empire colonial génocidaire. Nous n'avons pas à chercher plus loin que les exemples de l'actuelle ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies et ancienne haute fonctionnaire du département d'État en Afrique, Linda Thomas-Greenfield, ou de l'actuelle tsar de la politique intérieure et co-architecte de l'invasion et de la dévastation de la Libye, Susan Rice. Il y a aussi Stacey Abrams, Condaleeza Rice, et des dizaines d'autres qui ont fait de cette duplicité une tendance. Trop souvent, ces jours-ci, nous voyons des femmes africaines petites-bourgeoises prendre volontairement des positions de leadership, de pouvoir et d'influence au sein de l'infrastructure politique et militaire des États-Unis. Des postes qui requièrent, dans le cadre de leur fonctions mêmes, des actes de violence extrême et permanente contre les populations les plus opprimées du monde, y compris leur propre peuple. Rappelez-vous l’intronisation de Biden, où nous avons vu un tiercé gagnant de la féminité africaine petite-bourgeoise centrée sur ses intérêts de lumpenbourgeoisie et célébrée pendant le couronnement fleuri d'un ségrégationniste impénitent qui a été accusé de manière crédible, à plusieurs reprises, d'agression sexuelle. Nous avons regardé sur nos écrans de télévision et sur nos fils de médias sociaux, des normies tenus en haleine et en pâmoisons devant Michelle Obama dans sa presse en soie et sa tenue de super-héros bordeaux, Amanda Gorman dans sa veste Prada experience jaune canari, et Kamala Harris dans ses chucks (mythique paire de basket de la marque converse) et ses perles, soutenus par une bande-son fournie par Lady Gaga et Jennifer Lopez. Ces femmes se sont montrées belles et brillantes pour cet enfoiré de Joe Biden, pour célébrer son ascension à la tête d'un empire construit sur le meurtre, le vol, l'esclavage et l'exploitation permanente des peuples africains et colonisés et de nos patries. Un nouveau jour se levait aux États-Unis, nous ont dit les commentateurs des chaînes d'information câblées, alors que Biden et Harris juraient solennellement sur une Bible de poursuivre l'œuvre meurtrière de l'empire des colons. Puis Gorman a récité un poème sur son doux et fier espoir d'une version des Etats-Unis qui n'a jamais existé et n'existera jamais, tandis que Michelle Obama regardait cela depuis la foule aux côtés de son fier mari criminel de guerre, en montrant du doigt et en saluant. Elle dira plus tard au Ellen Show qu'elle était "extatique", "joyeuse" et "soulagée" de voir l'architecte de l'incarcération raciste de masse, qui a contribué à engendrer une crise des réfugiés à l'échelle de l'hémisphère avec son Plan Colombie néocolonial, officiellement assis en tant que nouveau président des États-Unis. Dans les jours qui ont suivi, la réaction du public et des médias a été prévisible pour un pays aussi raciste et dysfonctionnel que les États-Unis. Chacun a vu dans ces femmes quelque chose qu'il pouvait projeter et centrer dans sa propre consommation personnelle de propagande américaine hyper-nationaliste. Nous avons vu ces femmes transformées dans la presse, dans nos tweets et nos tiktoks en tantes nationales, en petites sœurs et en meilleures amies de rêve - des mères aimantes mais fermes de l'empire. Les femmes et les filles africaines et colonisées ont vu en elles quelque chose à quoi elles pouvaient s'identifier, une façon de se voir dans ce "nouveau jour", et quelque chose à quoi aspirer. Les non-africains et les Européens y ont vu une étreinte, une absolution et un confort vaguement sexualisé. Un caricaturiste est même allé jusqu'à dessiner une image de la jeune Amanda Gorman, volant et portant une cape, portant un vieil Oncle Sam à l'apparence fragile et peu caractéristique. L'image visait à montrer que nous, jeunes femmes africaines, sauvions l'empire - le réhabilitant à la force de nos bras et de nos dos, avec un sourire sur le visage. De nombreuses femmes africaines ont protesté en ligne contre ces images, mais la représentation n'était pas inexacte. Les féministes africaines libérales petites-bourgeoises disent aux femmes africaines et aux minorités de genre que nous devrions être fières de cette représentation au sein de ces structures. On nous dit que lorsque nous voyons une ancienne "super flic" et procureur s'élever à un niveau de leadership politique où sa capacité de nuire augmente de façon spectaculaire, nous devrions le célébrer comme une victoire pour nous tous. Mais alors que le symbolisme, l'émotion et l'imagerie autour de ces femmes sont élevés et célébrés, mimés et discutés dans le grand public, nous, les masses de femmes et de mages africaines pauvres et de la classe ouvrière, nous nous retrouvons à l'arrière-plan, vivant toujours avec leur violence. Contrairement à nos homologues petits-bourgeois qui dominent tant de plateformes et donc le discours à ce sujet, nous ne sommes pas en mesure de nous détourner aussi facilement de la réalité de la façon dont ces femmes sont arrivées là où elles sont. Dans le cas d'une Harris, d'une Abrams, d'une Rice ou d'une Greenfield, elles ne sont arrivés là où elles sont aujourd'hui qu'en acceptant une série de positions qui n'exigeaient d’elles rien de moins qu'un rejet complet non seulement de leur propre peuple, mais de tous les peuples pauvres et opprimés. Elles doivent, en échange de plus en plus de pouvoir au sein de ce système, accepter de soutenir et de mettre en œuvre la privation de droits, la criminalisation, le terrorisme policier, l'invasion et la néo-colonisation. Elles doivent défendre l'emprisonnement des mères célibataires, la fermeture des écoles et le largage de bombes. Ils doivent jeter les femmes transgenres dans des prisons d'hommes, elles doivent poursuivre les travailleurs du sexe aux mains des abuseurs institutionnels, elles doivent mentir sur les dirigeants africains libres et les diaboliser, elles doivent s'engager dans la tentative de destruction des États socialistes libres et l'expansion continue de l'Empire. Ce n'est qu'en renonçant et en nuisant aux peuples africains, pauvres et opprimés, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, que ces femmes sont capables de gravir les échelons jusqu'au sommet. Et elles le font volontiers. Bien que l'on nous dise que ces femmes doivent être au centre de la façon dont nous nous voyons et nous comprenons, nous n'avons pas à les accepter comme le seul modèle de ce que nous sommes ou de ce que nous devrions être. Nous n'avons pas à accepter une représentation et des aspirations construites sur une base de mort et de compromis injustifiables. Nous pouvons dire que nous refusons d'accepter toute définition du succès qui exige de tourner le dos à l'Afrique et aux Africains et de leur nuire. Nous pouvons dire que le seul succès que nous reconnaîtrons est celui qui fait progresser la libération collective. Nous pouvons refuser d'être utilisés pour réhabiliter un empire. Et si nous choisissons de le faire (c’est à dire de choisir des modèles), nous avons dans notre histoire de lutte de nombreuses femmes africaines révolutionnaires vers lesquelles nous pouvons nous tourner pour être guidées et inspirées.
L'histoire de la lutte pour la libération de notre peuple est truffée d'histoires de femmes qui ont refusé de se compromettre ou de trouver leur place dans un système capitaliste-impérialiste construit sur la destruction et l'exploitation. Des femmes qui, au contraire, se sont engagées à libérer les personnes opprimées de ce système. Si nous devions aspirer à être quelqu'un, ce serait ces femmes. Si nous devons chercher à construire une nouvelle femme africaine (ou minorité de genre) révolutionnaire, c'est de leur exemple que nous devons nous inspirer. Nous devons affirmer définitivement que le pouvoir et la libération des femmes africaines et des minorités de genre marginalisés ne peuvent jamais se faire aux dépens des Africains ou de tout autre peuple opprimé. Nous devons rejeter de tout cœur toute conception du féminisme qui trouve la libération dans le capitalisme et l'impérialisme. Nous pouvons dire que la seule représentation dont nous avons besoin est la représentation révolutionnaire. Et nous pouvons nous inspirer de cette représentation révolutionnaire pour construire la prochaine phase de notre lutte pour la libération depuis les 1ères lignes de ce combat. Présentation de l’auteure : Onyesonwu Chatoyer est une femme africaine qui effectue son marronage aux États-Unis, qui s'organise et milite pour vaincre le capitalisme, le colonialisme et l'impérialisme. Elle milite au sein du Parti révolutionnaire de tous les peuples africains et de l'Union révolutionnaire des femmes africaines, rédactrice au sein de Hood Communist, et fait également partie du comité national de la Brigade Venceremos. Texte original en anglais : https://hoodcommunist.org/2021/03/25/african-women-dont-be-a-mammy-for-empire/ |
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